20 Mai 2021, Londres – Global Witness dévoile les liens entre une agence de relations publiques proche du pouvoir politique de la République démocratique du Congo (RDC) et une campagne de diffamation en ligne lancée suite à la publication de l’enquête Des sanctions, mine de rien, conduite en partenariat avec la Plateforme de Protection des Lanceurs d'Alerte en Afrique (PPLAAF).

Le rapport publié en juillet 2020 révélait des preuves indiquant que le magnat minier Dan Gertler avait utilisé un réseau de blanchiment d'argent international pour tenter d'échapper aux sanctions américaines et de poursuivre ses activités en RDC. La publication de cette enquête conjointe a entraîné une campagne de diffamation à l’encontre de Global Witness, PPLAAF et de partenaires médiatiques comme Bloomberg, Le Monde et Haaretz, à grand renfort de vidéos calomnieuses et autres contenus diffusés sur les réseaux sociaux.

En RDC, cette campagne a alimenté un effort de désinformation plus large dont l’objectif était de détourner l'attention des conclusions de notre rapport, notamment à travers le dépôt d'une plainte fallacieuse en justice ayant débouché sur la condamnation à mort de deux lanceurs d'alerte congolais à leur insu en septembre dernier. Ces lanceurs d'alerte, tous deux anciens employés d’Afriland First Bank, ont demandé l'asile en Europe.

Les nouvelles enquêtes menées par Global Witness permettent aujourd'hui de corréler au moins dix faux comptes Twitter impliqués dans la campagne de diffamation avec CMCT TCG, une agence de communication à Kinshasa. Les données obtenues par des techniques ‘open source’ (OSINT) indiquent que certains comptes, prétendument alimentés par de simples citoyens congolais, ont été créés à quelques minutes d'intervalle à l'aide de photos tirées de banques d’images et d'adresses e-mail liées à l’entreprise.

Fondée en 1994, CMCT a déjà travaillé sur les campagnes électorales de Robert Mugabe au Zimbabwe, de Denis Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville et du puissant ex-président de la RDC, Joseph Kabila. L’entreprise a également produit des rapports pour la Gécamines, l’entreprise minière d'État de la RDC, au cœur de plusieurs enquêtes publiées par Global Witness, dont Des sanctions, mine de rien.

Louis Goddard, chargé en enquête sur les données à Global Witness, a déclaré :

« Les liens que nous avons révélé entre l’entreprise de relations publiques associée à l’élite politique et économique congolaise et la campagne de diffamation à l’encontre de Global Witness et de nos partenaires suggèrent une tentative planifiée de nous réduire au silence et de détourner l’attention des allégations formulées de notre enquête, Des sanctions, mine de rien. Global Witness ne se laissera pas décourager et compte poursuivre sa mission de journalisme d’investigation dans l’intérêt du public.

« Cette campagne de désinformation envoie également un message inquiétant à la société civile et aux activistes congolais, qui continuent de prendre d'énormes risques pour lutter contre la corruption. Les méthodes utilisées par cette agence de communication sont grossières, mais leurs conséquences sont on ne peut plus réelles, particulièrement pour les lanceurs d'alerte concernés, Gradi Koko Lobanga et Navy Malela Mawani. » 

Global Witness n'a mis en évidence aucun lien direct entre la campagne de diffamation et un client spécifique de CMCT, ou tout autre entreprise ou individu. Certains aspects de cette campagne et des efforts de désinformation liés ont peut-être été orchestrés par d'autres acteurs que la CMCT.