Briefing | 29 Novembre 2017

Le FMI doit s’assurer que le régime kleptocrate de la République du Congo ne bénéficie pas d’un nouveau traitement de faveur

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Des conditions de transparence sont nécessaires pour mettre un terme aux cycles de corruption et de détournement de fonds

Pour la deuxième fois en moins d’une décennie, la République du Congo se retrouve au bord de la faillite.

Pourtant, le Congo-Brazzaville possède des réserves considérables de pétrole et devrait devenir le troisième producteur pétrolier d’Afrique subsaharienne d’ici 2018.

Alors comment se fait-il que le Congo, si riche en pétrole, se soit trouvé dans une situation économique si désespérée à deux reprises en si peu de temps ? La réponse à cette question réside en grande partie dans le fait que le secteur pétrolier du Congo est corrompu et mal géré. Plus spécifiquement, l’endettement du pays a connu une hausse spectaculaire à cause d’une série d’arrangements financiers complexes appelés accords de préfinancement pétrolier qui impliquaient la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) et certains de ses hauts responsables.

Malgré les antécédents de corruption du Congo, le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé en 2010 un programme d’allègement de la dette congolaise de près de 2 milliards de dollars US afin de renflouer cette petite nation d’Afrique centrale dirigée depuis plus de trente ans par le Président Denis Sassou Nguesso. Pourtant, aujourd’hui, en 2017, le gouvernement congolais semble n’avoir fait aucun progrès : il se retrouve encore une fois à négocier une nouvelle remise de dette auprès du FMI.

Le plan de sauvetage accordé en 2010 par le FMI et l’allègement de la dette qui s’en est suivi en vertu de divers accords multilatéraux et bilatéraux ont permis de réduire la dette publique extérieure du Congo de plus de 70 %. Cependant, peu de temps après, à cause d’un ensemble de facteurs qui n’avaient rien de nouveau – corruption, mauvaise gestion et avidité de la part d’une poignée d’élites politiques –, la dette a plus que triplé en l’espace de sept ans. En juillet 2017, la dette du Congo-Brazzaville se montait à 9,14 milliards de dollars US – ce qui n’est pas loin des 9,2 milliards de dollars US d’endettement que le pays avait accumulé fin 2004.

Le pétrole est l’artère nourricière de l’économie congolaise. Certaines années, les revenus pétroliers peuvent représenter jusqu’à 75 % des recettes publiques. Cependant, au cours des dernières décennies, la SNPC a réussi à transformer les ressources pétrolières du Congo en une dette colossale en hypothéquant ses réserves d’« or noir » sur de nombreuses années, privant ainsi la population congolaise des recettes qui auraient dû être investies dans les services publics, notamment les écoles, les routes et les hôpitaux. Au lieu de cela, une partie de ces recettes a été détournée vers les comptes personnels de certains membres du clan présidentiel. Cette avidité est l’une des raisons pour lesquelles l’économie congolaise se retrouve de nouveau au bord du précipice.

Le FMI envisage actuellement de renflouer une nouvelle fois le Congo-Brazzaville, et ce, malgré des années de corruption dans le pays et alors que les promesses relatives à une bonne gouvernance n’ont pas été tenues. Il est crucial qu’en cas de nouveau prêt du FMI, celui-ci s’accompagne de critères rigoureux en matière de transparence et d’obligation de rendre des comptes, notamment en termes de gestion du secteur pétrolier, et que, si ces critères ne sont pas respectés, les agents congolais responsables en subissent les lourdes conséquences.

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